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La première exposition consacrée à Charles Filiger, organisée par Mira Jacob en 1962 dans sa galerie du Bateau Lavoir à Paris, informait peu sur la vie du peintre car les renseignements dont on disposait alors étaient très limités. Il faudra attendre 1981, cinquante-trois ans après la disparition du peintre, pour que Marie-Amélie Anquetil publie un catalogue richement documenté pour accompagner une exposition d’envergure, – cent-dix-neuf numéros, soit une grande partie des œuvres alors localisées –, au musée départemental du Prieuré de Saint-Germain-en-Laye qu’elle dirigeait. Dans cet ouvrage, cinq lettres de Filiger étaient publiées, tandis qu’une liste en référençait cent-seize, dont dix-sept reproduites auparavant dans des revues confidentielles. Depuis cette exposition, soixante-douze lettres ont été retrouvées, dont quinze reproduites dans des catalogues d’expositions. Le corpus est aujourd’hui constitué de cent-quatre-vingt-huit lettres écrites par Filiger, auxquelles s’ajoutent huit reçues. Les principaux destinataires sont des peintres, Roderic O’Conor, Jan Verkade, Adolphe Otto Seligmann ou Claude-Émile Schuffenecker, des écrivains, Jules Bois, Alfred Jarry ou Léon-Paul Fargue, le mécène Antoine de La Rochefoucauld, et deux membres de sa famille, son frère Paul et sa nièce Anna. Ces suites épistolaires, irrégulières suivant les différentes périodes de la vie de Filiger et les correspondants, auxquelles on peut associer diverses sources écrites, constituent aujourd’hui une base solide pour préciser les étapes de la vie du peintre, resituer dans leurs contextes les transformations de son œuvre et tenter de comprendre, avec la retenue qui convient, le mal de vivre de celui qui a tout sacrifié à ses créations.

André Cariou

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