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Le peintre alsacien Charles Filiger (1863-1928) est surtout connu comme un proche de Gauguin en Bretagne et comme un participant au mouvement symboliste.
Au contact de Gauguin à l’auberge de Marie Henry au Pouldu en 1890, il abandonne le pointilliste au profit d’une technique simplifiée faite d’aplats colorés à la gouache. Il trouve rapidement un style, réalisant des petits formats ayant pour thèmes des paysages des environs et des scènes religieuses montrant sa passion des Primitifs italiens et son intention de revisiter l’art d’inspiration religieuse.
D’emblée, il trouve une place de choix dans la mouvance symboliste. Il participe aux expositions du groupe des « Peintres impressionnistes et symbolistes »  à la galerie Le Barc de Boutteville (à partir de 1891), au Salon des XX à Bruxelles (1891), au Salon de la Rose+Croix à Paris (1892), ou au Salon Pour l’art à Bruxelles (1892). Il se lie avec plusieurs écrivains. Il illustre ainsi la couverture du Latin mystique en 1892 et le frontispice de L’Idéalisme en 1893 de Remy de Gourmont qui présentera avec enthousiasme son œuvre et deviendra un ami fidèle. Filiger illustre aussi La Prière de Jules Bois, qui, avec Antoine de La Rochefoucauld, lui donnera une place de choix dans la revue Le Cœur. Gabriel-Albert Aurier l’encourage. Alfred Jarry vient spécialement le rencontrer en Bretagne en 1894 et lui consacre dans le Mercure de France le plus important article qu’il écrive à propos d’un artiste. Filiger sera choisi par Jarry et Gourmont pour ouvrir d’une miniature rehaussée leur nouvelle revue L’Ymagier.
Filiger abandonne en 1893 la Buvette de la plage de Marie Henry au Pouldu et commence à se replier sur lui-même, dans une sorte d’exil intérieur, vivant en reclus dans des fermes des environs, où il essaye de résoudre ses problèmes existentiels et où tente de traduire son mysticisme à travers ses petites gouaches. Il ne quittera pratiquement plus la Bretagne, n’exposant plus, produisant très peu, ne montrant plus sa production, si ce n’est à son mécène. Privé de l’aide de celui-ci à partir de 1902, il s’enfonce dans la misère. En 1904, il entame une vie errante, dans des conditions épouvantables, essayant d’entrer dans un asile d’aliénés ou dans un monastère, allant d’hospices en auberges sordides dans le Morbihan.

  Filiger

Il atterrit finalement dans un hôtel de Trégunc, trouve l’appui de l’abbé Henri Guillerm et est pris en charge par la famille Le Guellec en 1915.
Suivant un accord avec la famille du peintre, elle va s’occuper de lui jusqu’à sa mort en 1928 à Plougastel-Daoulas. Tous ses proches ont perdu le contact et Filiger est progressivement oublié.
Á partir des années 1905, ses thèmes et son style ont évolué : il simplifie de plus en plus ses compositions, travaillant exclusivement au compas et à la règle. Elles vont se réduire à des entours faits de formes géométriques se développant autour d’une figure centrale, souvent un visage. A partir des années 1915, il réalise d’une manière obsessionnelle, dans le plus total isolement, des figures de plus en plus complexes, des recherches sur les rythmes colorés, qu’on appelle faute de mieux Notations chromatiques. Elles illustrent sa quête vers la perfection et le détachement des choses matérielles.