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Ayant accueilli en 1982 au musée des beaux-arts de Quimper l’exposition majeure qui avait été consacrée à Charles Filiger par le musée départemental Maurice Denis de Saint-Germain-en-Laye, j’avais pu mesurer l’importance et l’intérêt de ce peintre très mal représenté dans le collections publiques de Bretagne : seulement une modeste étude conservée au musée des beaux-arts de Brest, aucune à Quimper, Rennes ou Nantes.
Lorsque j’ai pris la direction du musée des beaux-arts de Quimper en 1984, j’ai entrepris de constituer progressivement une collection, au gré des dispersions de collections, malgré des moyens limités. J’ai pu saisir des opportunités en achetant des œuvres maîtresses comme Le Paysage du Pouldu, l’un des plus beaux paysages, ou Le Génie à la guirlande provenant du décor de l’auberge de Marie Henry au Pouldu, et d’autres aux ventes des collections de François Mirabel et de Mira Jacob. À la suite de deux acquisitions à la dispersion de la collection d’André Breton en 2003, je me suis mis en relation avec la fille de l’écrivain, Aube Elléouët, tout d’abord pour obtenir des photographies de l’appartement du poète où l’on voyait les Filiger « en situation », afin d’effectuer des recherches sur la collection d’André Breton et de sa passion pour Filiger. Afin d’encourager le musée dans sa démarche, elle a fait don du « dossier Filiger » de son père, un ensemble de gouaches, lettres et documents divers réunis par son père qui avait échappé à la dispersion de l’atelier.
En raison de l’importance de ce « dossier » dans la connaissance de Filiger et de la place d’André Breton dans la redécouverte du peintre à partir de 1948, j’ai monté en 2006 au musée des beaux-arts de Quimper une exposition, « André Breton / Charles Filiger à la recherche de l’art magique », permettant en particulier de reconstituer sa collection mais aussi de préciser de nombreux aspects de la vie de Filiger.

 

Préparant cette exposition, je me suis rendu compte que les œuvres circulaient de plus en plus, de collection en collection à travers le monde, en raison d’un intérêt accru pour Filiger et de la dispersion progressive des premières collections constituées dans les années 60. Aussi j’ai décidé de réunir au fil du temps toutes les informations disponibles sur Filiger, en particulier à travers les expositions et les ventes publiques. Cela m’a décidé à entreprendre l’élaboration du catalogue raisonné de l’œuvre, en prenant comme bases le catalogue de l’exposition de 1981 et le livre de Mira Jacob paru en 1989. Diverses recherches menées ces dernières années à propos de l’histoire de l’École de Pont-Aven, comme pour l’exposition consacrée à Meijer de Haan ou pour mon livre « Gauguin et l’école de Pont-Aven » (éditions Hazan, 2015) m’ont par ailleurs amené à reprendre systématiquement toutes les correspondances des artistes. Concernant Filiger, j’ai découvert la richesse et l’intérêt de ces échanges, en grande partie encore inconnus ou diffusés d’une manière confidentielle. Ainsi sont nés ces deux projets de catalogue raisonné et de l’édition de la correspondance qui doivent rendre justice à cet artiste encore trop méconnu.

André Cariou